La CSC est active et présente au sein des forums sociaux mondiaux depuis l’origine, à Porto Alegre en 2001. Elle y participe en alimentant la réflexion et le débat dans ses domaines d’expertise, tout en s’ouvrant aux dimensions qui peuvent l’interpeller (pensons ici aux enjeux liés à la décroissance, pour ne prendre q’un exemple).
Cette année, le forum se tenait à Tunis, du 26 au 29 mars, et une délégation de la CSC y était présente; le moins qu’on puisse dire c’est que notre participation a été remarquée, tant par le dynamisme de notre équipe lors de la manifestation d’ouverture que par notre investissement dans les nombreux ateliers qui rythment ce grand rassemblement.
Si l’on n’en est plus aux records de participation du mitan des années 2000 (170 000 personnes en 2005 et 130 000 en 2009), il ne faut pas pour autant estimer que les forums sociaux ont cessé d’être utiles. Tout au long de leur histoire, ils ont été l’occasion d’avancées pour le mouvement alter-mondialiste mondial : à l’origine, ils ont permis de montrer que de simples citoyens, déterminés, pouvaient avoir un impact jusqu’au plus haut niveau des décisions internationales. Ensuite, ils ont été la caisse de résonance des alternatives aux politiques néo-libérales et aux luttes contre l’omnipotence des multinationales.
Ces dernières années, ils ont permis au mouvement de prendre corps en Afrique et dans les pays arabes. C’est davantage qu’un symbole si cette édition se tenait à Tunis, là où a commencé le printemps arabe. Comment ne pas saluer cette initiative visant à remettre à l’avant plan la dimension sociale des révolutions arabes, au moment même où elles semblent glisser vers une sorte de confiscation religieuse du mouvement populaire ?
Pendant quelques jours, les débats ont été riches, passionnants entre des militants de différentes parties du monde, issus de mouvements très divers, autour des alternatives qu’ils mettent en place pour rendre un autre monde possible.
La CSC, au sein d’ateliers consacrés aux délocalisations, aux politiques en matière de soins de santé, de protection sociale, etc. a apporté son témoignage et a confronté ses analyses à d’autres points de vue et à d’autres réalités nationales.
C’était aussi l’occasion de revoir nos partenaires tunisiens au cours de rencontres de terrain particulièrement intéressantes.
C’est une génération plus aguerrie d’altermondialistes qui s’organise désormais et on est loin du bouillonnement sympathique mais diffus des origines. Il y a donc de quoi se réjouir et garder de l’optimisme, même si ces forums doivent trouver un deuxième souffle au moment même où les politiques néo-libérales sont les plus controversées.
C’est d’ailleurs la principale leçon de rencontres comme celles-ci : la crise, aussi profonde soit-elle, démontrant de façon aussi évidente que les politiques mises en oeuvre sont néfastes, ne génère pas d’elle-même un changement de société.
Il appartient aux acteurs sociaux, si divers soient-ils, de donner un sens et une cohérence aux contestations qui partout se développent.
Il ne s’agit plus de se demander si un autre monde est possible, mais de constater qu’il est désormais nécessaire.