Le corps humain (belge) est ainsi fait : il s’habitue allégrement à la chaleur tunisienne et se prend
déjà à craindre le froid polaire qui sévit dans notre plat pays. Pour une bonne partie de la délégation
qui s’envole demain matin pour Bruxelles, ces perspectives n’ont rien de très réjouissantes. Mais
c’est le cœur et la tête remplie de chaleurs humaine et idéologique que nous rentrons « à la
maison ».
Cette journée n’a pas fait exception à la règle. Après avoir rencontré la CGTT, une rencontre a été
organisée entre l’UGTT et notre délégation. Principal syndicat du pays, l’UGTT a joué un rôle-clé (bien que parfois équivoque) dans le renversement du régime. Pour certains, l’UGTT est devenu, à l’image de Solidarnosc en Pologne, un mouvement social. Nos discussions matinales nous ont permis de comprendre que l’UGTT entend capitaliser son aura et ne veut reconnaître le pluralisme syndical qu’à de très strictes conditions. Cela étant, on sent que le printemps arabe tunisien est passé par là, car
les dirigeants rencontrés nous ont mentionné que les réformes internes sont nombreuses : réflexions
autour de quotas pour permettre aux femmes d’être représentées puisque pour le moment, aucune
femme n’est présente dans le Bureau exécutif... Et avec pas moins de 50 « centrales », le syndicat est
bien conscient qu’il faut rationaliser tout cela pour plus d’efficacité.
Nos rencontres nous ont permis de comprendre que les structures syndicales cherchent chacune
à faire leur place dans cette nouvelle Tunisie et qu’à ce titre, elles sont très critiques vis-à-vis de
leurs homologues. Seul l’avenir nous dira ce qu’il adviendra de la nouvelle morphologie du paysage
syndical. Entre-temps, on peut se réjouir des acquis du printemps arabe qui n’a pas seulement
engendré un processus de réformes au sein du monde politique et des droits humains (liberté
d’expression, liberté d’association…) mais aussi à l’intérieur même des organisations sociales.
Après-midi : retour sur le campus. Alors qu’on pouvait être déçu (subjectivement ?) par l’assistance
de la veille, ce jeudi, il y a foule, une « sorte de festival » dira l’une d’entre nous. C’est vrai qu’il y a
de ça et que dans certains ateliers, la teneur des débats n’a pas rencontré toutes les attentes. Mais
l’essentiel est-il là ? N’oublions pas qu’historiquement, les Forums Sociaux Mondiaux se mobilisaient contre le G7 (ou le G8 ou …), soit le conclave des grandes puissances réunies entre elles pour dicter la face ultralibérale du monde. En tant que tel, le FSM n’a pas perdu de sa superbe et Bon Dieu que ça fait du bien !
PS : Pour nos afficionados, ne vous inquiétez pas : Dominique et moi quittons la Tunisie mais nous
laissons nos plumes entre de bonnes mains. Merci déjà à elles.
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