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lundi 25 mars 2013

Un projet économique et social en faveur de la population. Et vite, car il y a urgence.

Sous une pluie battante (sans doute pour nous rappeler que nous ne sommes pas là pour faire du tourisme), la délégation CSC commençait sa journée du lundi matin par la visite d’un parc, né de la mobilisation des citoyens environnants contre la décharge à ciel ouvert qui ornait précédemment leur paysage. Il faut dire qu’avec le déversement quotidien de 1500 tonnes par jour de déchets, on comprend mieux leur volonté d’en finir et de faire de cet espace de 30 hectares un havre de paix.

Un des chantres de cette lutte, Adel Azzabi, nous fait visiter l’endroit qui n’est autre le premier parc urbain de l’Afrique du Nord. Lors de la visite, notre interlocuteur n’est pas peu fier (et on le comprend) de nous préciser que cette mobilisation citoyenne est une véritable révolution copernicienne en Tunisie car les problématiques environnementales ne sont pas au faîte des préoccupations locales.



Adel nous emmène ensuite rencontrer son association de quartier (Mourouj II) qui vise à aider les jeunes diplômé(e)s dans leur insertion sur le marché du travail, notamment en leur dispensant des cours de français afin d’améliorer leur niveau. Tous ces jeunes sont diplômés de l’université mais le marasme économique et social qui existait sous Ben Ali (et qui a contribué à sa chute) empire et ces jeunes en sont les principales victimes.  Les échanges nous permettent de percevoir que la révolution de leur pays est plus que jamais dans leurs têtes et que ses acquis ne seront pas bradés. Mais que le pouvoir politique (quel qu’il soit) doit s’atteler à trouver des solutions aux problèmes économiques : chômage, inflation de 10,8 %, …

Ensuite, Adel encore (un homme aux casquettes décidément nombreuses) nous emmène à la rencontre d’un groupe de pensionnés de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) dont il est membre. La délégation est reçue dans une salle dont on sent d’emblée qu’elle est chargée d’histoire et de symboles. 

Quelques instants plus tard, on nous annonce que c’est ici même que l’UGTT a pris ses décisions stratégiques pour soutenir la révolution de janvier 2011 et peser de tout son poids dans le renversement de Ben Ali. Les échanges permettent de comprendre la situation des pensionné(e)s et les carences criantes de la protection sociale tunisienne. Les indemnités de chômage n’existent pas et la retraite ne permet pas de vivre décemment. Heureusement, 75 % des personnes âgées sont propriétaires de leur maison mais la situation économique actuelle va sans doute engendrer une baisse drastique de ce pourcentage. Dans le même temps, les maladies liées à la vieillesse ne sont pas prises en charges par la sécurité sociale (par ailleurs, trop peu financée). L’avenir s’annonce donc des plus sombres, à politiques économiques et sociales inchangées.

Cette matinée nous a démontré involontairement que les perspectives économiques et sociales des jeunes et des personnes âgées se recoupent. L’incertitude les accable. Si la révolution a ouvert le champ des possibles, les atermoiements politiques actuels ne répondent pas aux revendications économiques et sociales légitimes de ces militants dont le courage et la ferveur ne peuvent que confirmer le credo de la CGTT : « un autre monde est nécessaire ».



1 commentaire:

  1. Bravo Nicolas pour ces informations. On goûte le courage de Tunisiennes et Tunisiens et cela nous donne des ailes : elles et ils omme le Sud nous apprenent beaucoup. Vive la contagion!

    Jules

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